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DESCARTES.

l’astronomie de Ptolémée, puisqu’elle expliquait tout par des qualités, des forces, des causes et des fins, qui ne dépendent que de la nature humaine et n’existent que d’un point de vue humain ? Ce n’est donc pas Auguste Comte, ce n’est pas même Kant, c’est Descartes qui est le vrai Copernic de la science moderne.

Descartes a remarqué avec raison que le plus important pour la science est encore moins la solution actuelle des problèmes que la détermination par avance des « conditions de la solution juste ». Or Descartes a lui-même déterminé par avance, et sans erreur, toutes les conditions de solution juste dans les problèmes que posent les sciences de la nature. S’il est des questions particulières qu’il n’ait pas exactement résolues, qu’importe en comparaison de son infaillible conception du mécanisme universel ? Pris en son ensemble et au point de vue purement physique, le système cartésien du monde est le vrai ; aussi peut-on dire que Descartes est le père spirituel de tous les savants de notre époque.

On a cependant adressé à ce système du monde bien des objections. Deux seulement, selon nous, ont de la valeur. D’abord, dit-on, comment les parties d’un tout absolument plein peuvent-elles se mouvoir ? Votre monde purement géométrique n’est-il point à jamais « pris dans les glaces » ? — Mais, répondrons-nous, on peut concevoir, avec Descartes, que les vides qui tendraient à se former par le déplacement de telles parties soient, à l’instant même,