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AVANT-PROPOS


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I


En travaillant à la Morale des idées-forces, dont je prépare la prochaine publication, j’ai rencontré les doctrines de Nietzsche, qui sont comme une question préalable élevée devant tout travail de moraliste. Y a-t-il vraiment une morale ? Bien plus, est-il désirable qu’il y en ait une ? La morale, jusqu’à présent, n’aurait-elle pas fait plus de mal que de bien à l’humanité ? Voilà ce que Nietzsche demande.

Les loisirs que me laissait le séjour dans une ville d’eaux d’Allemagne m’ont permis de faire connaissance avec les livres du penseur allemand, et il m’a semblé que, comme moraliste, je devais en quelque sorte déblayer le terrain en ramenant à leur vraie valeur les objections de ce farouche « immoraliste ». L’examen de Nietzsche et du scepticisme moral aurait trop grossi la Morale des idées-forces ; je donne donc à part ce travail, qui est surtout critique et, en quelque sorte, préliminaire.

L’œuvre de Nietzsche m’a inspiré personnellement d’autant plus d’intérêt que je voyais rapprochés à chaque instant, dans les livres ou dans les revues, les deux noms de Nietzsche