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LIVRE TROISIÈME

LES JUGEMENTS DE NIETZSCHE SUR GUYAU

D’APRÈS DES DOCUMENTS INÉDITS

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La meilleure preuve de ce qu’il y a d’incertain dans les principes de Nietzsche et d’arbitraire dans ses conclusions, c’est que, d’une conception analogue de la vie intensive, un autre philosophe, poète comme lui, novateur comme lui, a su tirer des conséquences diamétralement contraires aux siennes.

I. — La pensée générale de Guyau a été fort bien saisie, en son originalité, par le penseur allemand :

« Selon Guyau, dit-il, « sympathie et sociabilité sont fondamentales, — et non pas, comme le veut l’école anglaise, plus ou moins artificielles et développées plus tard.

« Bentham et les utilitaires cherchent avant tout à éviter la douleur, leur ennemi mortel.

« Spencer voit dans les instincts désintéressés un produit de la société ; Guyau les trouve déjà dans l’individu, dans le fond de la vie. »

Telle est l’annotation de Nietzsche au bas de la page 25 de l’Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction.

Avant de marquer le point où l’opposition des deux