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CHAPITRE III

culte apollinien et dionysien de la nature.

I



Nous connaissons le dogme suprême et contradictoire qu’annonce au monde le « créateur » Zarathoustra. Il nous reste à chercher par quelles initiations successives l’homme peut participer aux mystères de la religion néo-païenne.

On a vu plus haut comment Gœthe donnait pour but à l’Univers la production de l’œuvre d’art et, pour parler plus nettement, du drame, — disons mieux encore, de Faust. La conception esthétique du monde, depuis Schiller et Gœthe, pour ne pas remonter plus haut, est un des lieux communs du romantisme. De même pour la morale « esthétique », de même, enfin, pour la réduction de la métaphysique à une esthétique supérieure. Nietzsche, dans la préface qu’il écrivit en 1886 pour une nouvelle édition de son livre sur l’Origine de la tragédie, se présente cependant comme inventeur et révélateur. « Déjà, dit-il, dans ma préface à Richard Wagner, c’était l’art, et non la morale, qui était présentée comme l’activité essentiellement métaphysique de l’homme ; au cours du présent livre je reproduis, à différentes reprises, cette singulière proposition, que l’existence du monde ne peut se justifier que comme phénomène esthétique. Sous ce rapport, le monde est beau dans son ensemble, laid et risible dans beaucoup de ses détails. Le sage est