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conclusion

ne dis plus seulement « un côté social », comme l’avait admis Comte, comme l’a admis Guyau, mais un centre universel. La morale à venir, selon nous, ne pourra subsister comme vraie morale que si elle parvient à mettre hors de doute un principe de désintéressement universel immanent à l’individu même, identique à la volonté radicale de l’être humain[1].

V

conclusion.


Les oracles de Zarathoustra partagent avec les autres ce privilège qu’on y peut trouver le oui et le non sur toutes choses, et qu’on a le choix entre dix interprétations possibles. Non seulement le style, mais la pensée même de Nietzsche est métaphorique, allégorique, symbolique et mythologique. L’absence de définitions et l’absence de démonstrations ont l’avantage de mettre un auteur à l’abri des réfutations d’autrui, car la critique ne trouve plus rien de stable à quoi elle puisse se prendre. Une telle méthode n’en est pas moins l’abandon de la vraie philosophie au profit de la fantaisie métaphysique on, si l’on préfère, de l’impressionnisme philosophique.

Selon que nous avons considéré les principes de Nietzsche en un sens limité ou en un sens absolu, nous n’avons guère eu le choix qu’entre deux choses : ou des vérités communes, ou des erreurs qui ne sont pas toujours aussi originales que le voudrait Nietzsche. Banalité poétique ou poétique extravagance, quand ce n’est pas l’une, c’est trop souvent l’antre. Le haut génie ne consiste pas à singulariser son moi, mais à oublier son moi pour ne considérer que la

  1. C’est du moins ce que, pour notre part, nous essaierons de faire dans notre Morale des idées-forces.