Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/16

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interviennent à admettre cette crainte et forment combinément les ressorts de manœuvres, tandis que l’âge central ou âge des amours et des rapines, à vingt, trente, quarante et cinquante ans, se soulève contre le dogme des enfers et se livre à ses passions. Voilà donc sur ce point le centre dégarni et le pivot assis sur extrêmes conjugués divergents.


2o Elle influence et convertit les classes extrêmes et opposées en moyens intellectuels : d’une part, les pauvres d’esprit, les idiots à prétentions, dépourvus de tout relief par eux-mêmes, en cherchent un dans l’affectation de piété ; d’autre part elle s’adjoint la classe la plus incompatible avec les sots, celle des surabondants d’esprit, les coquettes surannées et délaissées, et les libertines déclinantes et pétries d’ambition. Mais elle manque la classe moyenne, celle des hommes judicieux qui, par besoin de culte séduisant, se rallient aux illusions de la philosophie également absurde. Voilà dans cette seconde classe d’opération le même vice que dans la première, le centre dégarni et les pivots assis sur extrêmes conjugués divergents.


3o Elle influence les classes opposées en ambition, les pères de famille qui ne veulent que contenir [lacune].

Je pourrais pousser plus loin les exemples, mais c’en est assez pour conclure sur les vices de cette manœuvre, qui laisse toujours le centre sans résistance. On ne peut mieux la comparer qu’à la tactique militaire des Tartares, qui n’ont ni centre ni ligne d’opération, et voltigent sur les flancs de l’ennemi. Cette méthode est bonne dans leurs déserts, et de même le système catholique a été bon dans les âges d’obscurité ; mais aujourd’hui il expose la religion à décliner et tomber par toute attaque régulière portée sur le centre. Telle était celle des philosophes, qui, en s’emparant de l’âge moyen, avaient déjà remporté une victoire d’opération avant de l’avoir remporté de fait. L’attaque des francs-maçons eût été bien plus sérieuse et sans remède pour le catholicisme si elle avait eu lieu. Cette religion s’est sauvée par leur ignorance, ainsi que par celle des philosophes, qui n’ont pas su, dans le temps de leur règne, établir un culte judicieux, ces sophistes ne sachant rien inventer. Mais est-on assuré, en cas que la Civilisation se prolonge, d’avoir toujours à faire à des cabales aussi ineptes, et ne doit-on pas craindre que des attaques mieux dirigées n’opèrent la désorganisation qui deviendrait de plus en plus facile, tant que la religion pivotera sur extrêmes conjugués, sans revenir au pivotage du centre, qui aurait l’avantage inappréciable de rétablir l’amour de Dieu et l’espérance en Dieu. L’espérance en Dieu ! chose risible aux yeux des modernes et dont je leur démontrerai dans un article spécial l’immense importance.