Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous rétrogradons honteusement. Pour le prouver, débutons par un quadrille d’analogies appliqués au mouvement social.

L’Éléphant, le Chien, la Fourmi, l’Araignée.

L’Éléphant est moule ou emblème des quatre passions d’où naissent les groupes affectueux, savoir :

L’Amitié, convenance réciproque sans influence de sexe ni lien de parenté ou d’intérêt ;

L’Amour, ou affection pour l’autre sexe ;

La Paternité, ou les liens secondaires de famille, ou consanguinité ;

L’Ambition, ou ligue corporative en intérêt.

Ces quatre passions peuvent se développer en divers sens, en mode vicieux ou vertueux, la nature a dépeint dans l’éléphant la direction que doivent prendre les quatre passions pour conduire aux vertus sociales et aux liens plus étendus. Nous pouvons donc observer dans cet animal le caractère de la véritable vertu, travestie par nos préjugés philosophiques et nos hypocrisies morales.

Définissons d’abord une vertu réelle et une vertu fausse, par comparaison de l’Éléphant et du Chien dont l’un est emblème de l’amitié noble et l’autre de l’amitié fausse.

1o L’amitié. — Elle est noble chez l’Éléphant ; elle se concilie toujours avec l’honneur. Il n’a point la bassesse du chien, qui battu quelquefois sans motif, n’en garde aucun souvenir. L’Éléphant endure les corrections justes, mais ne se laisse pas maltraiter sans motif ; il ne pardonne pas des offenses ; du reste, son amitié est aussi inaltérable, aussi dévouée que celle du Chien. Cette amitié noble est celle qui conduit à des liens collectifs et corporatifs, mais l’amitié servie du chien n’est favorable qu’au despotisme, au régime civilisé et barbare qui n’est point celui où régneraient les passions nobles, telles qu’on les voit chez l’Éléphant. Les despotes exigent des peuples l’amitié du Chien qui maltraité injustement et avili, sert et aime encore celui qui l’a offensé.

2o L’amour. — Il est décent et fidèle chez l’Éléphant ; il est scandaleux et criminel chez le Chien qui est en amour le plus ignoble des quadrupèdes, alliant tous les vices à cette passion, comme les civilisés dans les amours de qui dominent l’astuce, la fraude, l’oppression.

3o La paternité. — Elle est judicieuse et honorable chez l’Éléphant. Il ne veut pas créer des enfants qui seraient dans le malheur, et il s’abstient de procréation dès qu’il est esclave. C’est une leçon qu’il donne aux civilisés, assassins de leurs enfants par la quantité qu’ils en procréent, sans être sûrs de leur procurer le bien-être. La morale ou