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1, 6, 7, 8. Cependant les passions sont les mêmes dans ces deux mécanismes ; il n’y a de changé que les voies de développement.

Dans les sociétés 1, 6, 7, 8, on arrive à la richesse et aux plaisirs par la pratique de la vérité et de la justice ; dans les sociétés 2, 3, 4, 5, on n’arrive à ce but que par la fausseté et l’injustice. De là les moralistes concluent qu’il faut mépriser les richesses et les plaisirs et réprimer ses passions. C’est étouffer la nature ou attraction et mettre l’homme en scission avec lui-même. Pour concilier la nature et la vertu, il faut organiser les sociétés 1, 6, 7, 8, où la nature et la vertu deviennent compatibles.

Avant de pouvoir atteindre ce but, l’humanité est obligée de passer par cinq échelons ou périodes sociales. Elles sont représentées par les sommeils pendant lesquels le ver à soie se dépouille de son enveloppe et en revêt une différente. Ses quatre sommeils donnent cinq enveloppes consécutives à la chenille.

Pendant la durée des 5 périodes l’insecte a amassé de la matière soyeuse pour former le cocon. Ainsi opère l’espèce humaine qui, pendant les 5 périodes 1, 2, 3, 4, 5, amasse des matériaux, industrie et sciences, pour former une société opulente et heureuse. Il n’y a ni richesse ni bonheur dans un ordre où les trois quarts des collaborateurs n’ayant pas de quoi se nourrir et vêtir, détruiraient la société s’il n’étaient contenus par la crainte des supplices.

À la suite de ces 5 périodes, la chenille passe à l’état mixte nommé chrysalide, et de même l’état social passerait à un état mixte, formant la 6e période, celle des garanties. Nous la franchirons ainsi que la 7e ; mais sans la découverte du calcul de l’attraction, l’on aurait pu employer des siècles à parcourir les périodes 6 et 7.

La période 7 est représentée par le papillon sans parure, qui est celui de la soie.

La période 8 est celle du grand luxe ; elle est dépeinte par le papillon à grandes ailes parées de riches couleurs. Les quatre ailes parsemées d’yeux dépeignent les 4 groupes qui sont les ressorts du charme industriel et du luxe dans l’agriculture combinée.

L’insecte ne fréquente que les fleurs, ne vit que du pollen des fleurs et voltige de fleurs en fleurs. C’est un emblème des travaux attrayants de la 8e société, qui sont en séances courtes et variées, soutenues de charmes nombreux (voir au traité, les chapitres 21, 22), même dans les fonctions répugnantes pour les sens.

La nature distribue un même sujet sur plusieurs tableaux. Aussi pour nous peindre la propriété qu’aura la 8e société de donner à la fois l’utile et l’agréable, richesses et plaisirs, elle répartit le tableau