Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour ne rien dire de Théophile Gautier, de Banville, de Sully-Prudhomme, de vingt autres encore. Il nous serait facile, si nous en avions le temps, de montrer la part de chacun de ces poètes dans la formation de notre auteur, et les traces qu’on retrouve d’eux tous dans son œuvre.

Hâtons-nous de l’ajouter, s’il n’a pu (ce que l’on pourrait difficilement d’ailleurs attendre d’un jeune poète) se dégager encore, dans cette première œuvre, de l’empreinte de ses lectures, du moins nous épargne-t-il, lors même qu’il s’inspire le plus étroitement d’un modèle, ces pastiches plats et déshonorants qui remplissent quatre-vingt-dix-neuf sur cent des recueils de vers publiés aujourd’hui, même en France. La plupart du temps, c’est l’influence mêlée de plusieurs poètes qui déteint sur ses vers, sans qu’on puisse exactement discerner lequel a laissé sur lui l’impression la plus marquée. Quelquefois, assez souvent même, à vrai dire, il lui arrive, dans des manières d’études, de se livrer à l’imitation voulue de tel ou tel maître ; alors — et c’est ce qui le distingue, — loin de pasticher maladroitement son modèle, et d’en donner une copie inférieure, il l’imite, si nous osons dire, — et hormis que le modèle soit un Théophile Gautier ou un Jose-Maria de Heredia, — il l’imite non-seulement en l’égalant, mais en le surpassant ; il l’imite, si nous osons dire, en mieux. C’est ainsi, pour ne citer que ces