Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/133

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Québec, sous les yeux mêmes de M. Roy, un livre dont le succès fut tout de suite prodigieux. Tous les journaux ne parlaient plus que du nouveau chef-d’œuvre, il s’en vendait plus de mille exemplaires en l’espace de quelques semaines. N’ayant pu mettre encore la main sur le volume, désireux néanmoins d’en avoir quelque idée, nous voulûmes savoir, d’un ami de Québec, ce qu’en pensait M. l’abbé Camille Roy. Par le retour du courrier, nous recevions, découpé de l’Action Sociale, un article où M. Roy, avec son autorité habituelle, développait abondamment son opinion sur l’auteur et sur le livre. C’était justement cet article qui, dès le premier jour, avait fait la fortune singulière de l’ouvrage.

Il faut dire qu’il y avait de quoi. M. Roy, en effet, ne se contentait pas de vanter dans le roman de M. Bernier des qualités moyennes : il annonçait au public, purement et simplement, un chef-d’œuvre. Il le disait même en toutes lettres : Au large de l’Écueil est mieux qu’un roman passable, c’est un « bon » roman.

Ce n’est pas seulement Jules Hébert et Marguerite Delorme qui ont passé au large de l’écueil ; c’est aussi M. Hector Bernier.

L’écueil, je veux dire le roman, n’avait rien qui pût l’effrayer. L’inspiration aidant et je ne sais quel souffle large qui a toujours traversé cette âme d’élite, il s’est lancé sur la haute mer de la fantaisie et de la réalité, et, ô merveille ! il a vigoureusement battu la vague, il a contourné l’écueil, et le voici au rivage, salué par ses amis qui étaient anxieux de son effort, applaudi par ses maîtres qui voient