Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/137

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Or il se trouve que Jules Hébert dans la réalité, avant tout et sur toute chose, au fond comme à la surface, n’est autre chose qu’un parfait raseur, quand il n’est pas un malappris. Il se montre d’un bout à l’autre du livre, tour à tour d’une sottise qui décourage et d’une grossièreté qui confond. Quelques citations permettront d’en juger.

Le voici en présence de cette jeune fille qu’il aime, mais qu’il vient à peine de rencontrer. Elle n’essaie pas du tout de le convertir ; elle le laisse bien en paix sur le chapitre des croyances. Elle ne discute ni sa religion, ni sa morale, ni sa philosophie. Elle ne lui parle même pas de politique. Elle lui demande seulement d’être pour elle un agréable compagnon de voyage. Croyez-vous qu’il va s’en tenir là ? Eh bien ! mes amis, si vous le croyez, c’est que vous ne connaissez pas notre Québecquois !

Comme le paquebot approche des côtes d’Amérique, et que déjà l’on voit briller dans le lointain les feux de Belle-Isle, Marguerite Delorme a demandé à notre jeune Canadien de l’accompagner dans une promenade sur le pont. Très volontiers, dit-il ; et, pour la distraire, voici le genre de conversation qu’il imagine de tenir :

Elle l’entendait encore murmurer avec passion : « Que je suis heureux de te sentir là près de moi, mon Canada bien-aimé. Je vais donc te revoir, te contempler, te ser-