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LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA

votre pensée, ou de la forcer seulement. N’allez pas me dire que, pour avoir noté ces symptômes au-dehors, vous n’en avez pas moins aperçu au-dedans le mal lui-même ; que, ce que je tiens pour le mal, il vous est seulement arrivé de le tenir pour la cause du mal, et que c’est entre nous deux toute la différence ; bref et en définitive, que je ne vous ferais en tout ceci qu’une mauvaise querelle de mots. Sans anticiper sur l’examen de vos conclusions (lequel fera voir si ce sont bien, oui ou non, les symptômes ou le mal que vous avez prétendu aussi traiter), je n’aurais dès ici qu’à vous opposer cette partie de votre thèse où vous vous appliquez à définir, précisément, les causes de notre mauvais langage.

Ces causes, je l’ai rappelé déjà, seraient selon vous au nombre de trois :

a) Et tout d’abord vous écrivez — sans rire — que si notre langage est tellement infesté d’anglicismes, c’est que, de par nos conditions particulières de vie, nous sommes obligés pour la plupart de parler journellement l’anglais ; et vous vous arrêtez là, bien convaincu apparemment d’avoir résolu la question. Vous étonnerai-je beaucoup si je vous dis que pareille explication en réalité n’explique rien — ou autant dire rien ? Voyons plutôt.

Que l’usage fréquent de l’anglais porte à l’an-