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MON ENCRIER

non-seulement incomplète, mais encore et proprement inintelligible ? Encore une fois, je trouve que c’est admirable !

Quant à prétendre définir moi-même, maintenant, avec quelque précision, les causes de ce mal mystérieux, plus facile je l’avoue à constater qu’à expliquer, c’est une témérité, — n’ayant point pris, mon cher Montigny, envers le lecteur le même engagement que vous, — dont je puis heureusement me garder. Aussi, malgré mon profond désir de vous être agréable, me contenterai-je prudemment d’en indiquer quelques-unes, — les principales que je puisse en ce moment apercevoir…

a) De toutes les circonstances qui contribuèrent à transformer ainsi que j’ai dit, de corps et d’âme et de toutes les façons, le type français transplanté en terre canadienne, la première et la plus importante me paraît être inconstestablement le climat. Tel climat, en effet, tel peuple. Écrivant pour des personnes cultivées, je n’ai pas besoin, je pense, d’insister sur cette vérité, depuis longtemps banale, que le climat change tout ce qu’il touche d’étranger, les hommes aussi bien que les plantes. Au Siam et en Cochinchine, le Français en peu de temps dégénère. Au Canada, il s’empâte, tout simplement. b) C’est là d’abord une conséquence directe du climat. Et c’en est ensuite une