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LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA

français ! À une condition cependant : c’est que l’on ait, d’abord, l’estomac voulu pour digérer les unes, le cerveau voulu pour digérer les autres.

II. — C’est bien sérieusement aussi, en second lieu, que vous venez nous inviter sans plus de façon, — comme si la chose également, ne dépendait que d’un tout petit acte de notre volonté, — à nous montrer dans nos conversations tout à coup soucieux d’exactitude et de précision, les deux qualités qui jusqu’ici nous ont toujours fait et qui nous font encore le plus manifestement défaut en toute chose… Hé oui ! et, pour moi, c’est comme si je continuais seulement de voir se jouer sous mes yeux la pièce que j’imaginais il y a un instant. Cette fois, c’est en présence d’un malheureux impotent — goutteux ou rhumatisant — que nous retrouvons notre original docteur. Le pauvre homme (c’est du malade que je parle), empoisonné des pieds à la tête par les humeurs mauvaises, à peine peut-il remuer un membre. L’autre lui tâte le pouls, l’ausculte, le palpe, se prend la tête entre les mains, réfléchit longuement, et finit par dire à peu près ces mots, non sans solennité : « C’est votre bras… oui c’est bien votre bras droit qui est souffrant. Vous avez là du rhumatisme, c’est incontestable. Avec de la prudence et de l’attention, cependant, cela passera. Prenez, monsieur Du-