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cher”, ni si vous n’auriez pas quelque grief personnel contre cette horde d’assassins dont, suivant vous, se compose la critique française. J’aime mieux supposer que vous ne croyez pas un mot de ce que vous dites à ce sujet. Mettons, si vous n’y voyez pas d’objection, que vous avez voulu seulement vérifier votre virtuosité et éprouver votre diapason. Je ne veux rien dire à cela, mais vous n’attendez pas, j’espère bien, que je m’arrête à discuter votre thèse.

Aussi bien, si vous voulez parler sérieusement, conviendrons-nous tout de suite que la critique est, pour une littérature, un élément indispensable de progrès. Il est certaines choses, Monsieur, dont on ne sent parfaitement la valeur que lorsqu’on en est privé, — qui ont leur revers, comme toutes les médailles, — qui peuvent, suivant l’usage qu’on en fait, être très bonnes ou très mauvaises, comme les langues du vieil Ésope, — et dont on ne pourra jamais se passer. Elles paraissent parfois banales, ennuyeuses et choquantes, et il semblerait qu’on pût tout aussi bien les mettre de côté. Essayez. Oubliez votre parapluie en partant pour votre cours, recevez un orage sur le dos, et vous connaîtrez que votre parapluie est encore plus utile quand il pleut qu’il n’est encombrant quand il fait beau. Eh bien ! nous autres, Monsieur, au Canada, nous sommes continuellement à la pluie, — sous une averse de toute sorte de produc-