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ges écrits en français par des Canadiens et qui comptent mille fois moins encore par la valeur que par le nombre.

Seulement, si nous n’avons pas de littérature aujourd’hui, ne pourrons-nous pas en avoir une demain ?

La chose, à notre sens, ne doit pas paraître impossible à quiconque a foi dans la conservation de notre race et de sa langue.

Il est incontestable que nous avons en notre province un nombre considérable de réels talents qui pourraient faire leur marque dans les lettres, s’ils ne mouraient pas dans le germe avant d’avoir pu seulement prendre conscience d’eux-mêmes. Quelques-uns — en nombre extrêmement restreint, il faut le dire, — ont donné des œuvres relativement brillantes et ont révélé des qualités qui n’eussent pas manqué de les signaler à l’attention publique, s’ils étaient nés dans un pays comme la France, par exemple, où la rivalité de tant de puissants esprits eût été amplement compensée pour eux par l’influence féconde du milieu.

À l’heure qu’il est, nous connaissons nous-même, seulement à Montréal, une dizaine de jeunes gens des plus remarquablement doués. Avec l’indispensable encouragement qui ne leur viendra sans doute pas de sitôt, ils pourraient produire des choses évidemment pas comparables