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UNE VISITE À MISTRAL

bien ! si vous vous rendez alors en Provence, comme cette année, il ne faudra pas oublier vos amis de Maillanne.

⁂ Je suis ensuite allé au cimetière voir le tombeau que Mistral s’y est fait préparer, et dans lequel il reposera plus tard, parmi les siens.

Puis je suis revenu au Café du Soleil, pour vous écrire ces lignes. C’est ici que Mistral, tout dernièrement encore, avait l’habitude de se rendre presque chaque soir, pour y converser avec villageois et paysans. Comme il n’est pas seulement un grand poète mais encore un conteur incomparable, il y contait souvent, jusqu’à une heure avancée de la nuit, toute sorte d’histoires merveilleuses. Non pas en français, mais en provençal ; et qui toutes tendaient à prouver « qu’un bon Provençal doit toujours parler sa langue ».

Enfin, avant de repartir, j’ai voulu profiter de l’occasion pour voir un tambourinaire — un vrai. J’en suis donc allé trouver un, que Mistral lui-même m’avait indiqué et que le poète compte parmi ses meilleurs amis. C’est un nommé Laville (en provençal Lavillo), qui, avec la meilleure grâce du monde, consentit à me donner un échantillon de la double harmonie du galoubet et du tambourin. Ensuite, sa fillette (Mireille à quinze ans) nous chanta,