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Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/127

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Le brayage.



N ous voici rendus à l’un de ces beaux matins d’automne que l’hiver semble déjà engourdir et glacer. Une petite gelée blanche, pas exquisément timide de la neige qui s’en vient, argente les maisons grises, les clôtures qui les entourent et courent dans les champs. Sur les arbres dénudés pendent encore, comme des médailles de bronze, quelques feuilles têtues qui se balancent comme par un reste d’habitude. Le soleil frileux hausse son disque décoloré derrière la haie noire des sapins du sud, et monte lentement dans le firmament où les dernières étoiles grelottent pâles, pâles. Et l’on se demande s’il veut réchauffer l’atmosphère celui qui à la tête de la rochière, s’apprête à allumer un feu.