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Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/162

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LES CHOSES QUI S’EN VONT

chantent les rossignols. Assis, droits comme des fioles, sur les pieux qui remplissaient le ber de la charrette, nous partions, heureux combien ! pour aller voir relever les clôtures de nos champs immenses. Plus l’endroit était éloigné, plus il nous semblait désirable. Nous apprîmes plus tard qu’il ne faut pas connaître ce que l’on a trop aimé par l’imagination. Aucune réalité ne lutte avec cette fée.

Nous partions. Et comme cette initiative première aux travaux champêtres coïncidait presque toujours avec l’échange de la robe pour les premières culottes, elle ne faisait qu’accroître la superbe qu’avait fait naître en nous la promotion au grade de sexe fort. Enlevés par des bras robustes de notre trône ambulant, et déposées sur l’about des pièces, nous étions bien un peu beaucoup intimidés par l’immensité des champs, au fond desquels passait l’Express d’Halifax. C’était aussi avec un étonnement qui tenait de l’extase que nous écoutions l’écho des coups de masse, répété par la forêt voisine. Il