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Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/76

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LES CHOSES QUI S’EN VONT

de cerises-à-grappes ; tout est si changé ! Somerset, on n’a jamais su pourquoi, est devenu Plessisville. La Rivière-du-Loup, dont la rivière est bien encore là, mais où il n’y a jamais eu la queue d’un loup, a pris — peut-être à cause de cela — le nom plus aristocratique de Fraserville. Et ainsi de suite un peu partout dans le pays.

Serait-ce le mot magique de ville, ajouté parfois ou substitué trop souvent à celui de la paroisse, qui nous voudrait ces changements ? Seuls, pourraient nous le dire les auteurs de ces innovations ridicules. Quoi qu’il en soit, si vous passez aux jours d’aujourd’hui, sur ces mêmes chemins du roi, à dix lieues à la ronde, vous ne verrez plus un seul moulin-à-battre ; et ce que l’on peut constater aussi à l’œil nu, c’est que le paysage est d’une platitude admirable.

Autrefois, les bâtisses de la ferme, avec ces bras de moulin en guise de mât, paraissaient, — dans la houle des blés et amarrées au quai des chemins — des navires à l’ancre ; et ce qui est exquis,