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Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/88

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LES CHOSES QUI S’EN VONT

comme la vengeance, retentit bientôt : « Erreur, disait-elle, c’est Pluton qui les a réclamés pour servir d’instruments de torture à ceux qui machinèrent leur perte, et dont il a nécessairement la garde au royaume des gémonies. »

En tremblant donc, je me préparais à me faufiler, après Dante, au sein des cavernes sans fond qu’il a explorées, et dont Gustave Doré nous a peint les apocalyptiques horreurs, lorsque, par un mouvement familier à celui qui cherche une inspiration, je levai les yeux. Qu’est-ce que je vis ? Le flau, oui, le flau en personne, si je puis dire, là au-dessus de ma tête, jouqué sur la poutre du trou-à-balle, me regardant d’un air à lui tout seul. J’aurais dû me douter — mais sur la route des hypothèses on ne doute jamais de rien — que, né pour des ascensions que favorisait merveilleusement sa maigreur chronique, jamais il ne saurait se contenter d’un vulgaire terre-à-terre ; un aigle s’abaisse-t-il jusqu’à mourir dans une caverne ? L’argument est péremptoire, il me semble.