Aller au contenu

Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
LES CHOSES QUI S’EN VONT

robe de balle avec une traîne jusqu’à la porte. Plus près, s’amoncelaient les brins de paille, les chardrons, les mortelles, les écopeaux et les petites roches. Plus près encore, et quasiment à la gueule du crible, tombaient les agrains produits par les épis à tête haute naguère, et vide aujourd’hui comme alors. Quant au bon grain, il descendait, entraîné par son poids, dans la boîte d’arrière, d’où on le retirait pour le mettre en sacs.

Les petites battées étaient finies et c’était pour jusqu’au premier bon vent et au premier petit frette sec.

Tant que le moulin-à-vent eut sa place sous le ciel ; après même que l’inélégant moulin-à-bœufs lui eut succédé, le crible fit du train dans le monde agricole. Il avait jadis remplacé le van, peut-être pour introduire parmi nous la musique qui adoucit les mœurs. Et nos générations ingrates l’ont récompensé en artistes, comme vous savez.