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vez-vous me le montrer ? » M. Fréchette était là, en effet, mais caché, modestement dissimulé dans la foule, et savourant délicieusement la joie de cette acclamation publique. Presque au lendemain de cette journée où la récompense de l’Académie l’avait signalé à l’attention des lettrés (nous connaissions ses vers avant ce succès officiel), M. Fréchette quittait Paris, malade, et comme redoutant de ne plus revoir les siens au foyer de famille.

Il est resté sept ans sans revenir en France, et il nous arrive aujourd’hui apportant, du pays qui l’a vu naître, un nouveau livre écrit à la gloire de ses aïeux. La Légende d’un Peuple ! Quel plus beau titre et quelle plus noble idée ! Ce peuple canadien, dont le sang est le nôtre, le voici qui nous déroule, par la voix inspirée d’un de ses fils, les gloires, les sacrifices, les douleurs, les espérances de son histoire.

Ô notre histoire, écrin de perles ignorées !
dit admirablement M. Fréchette.

Et cet écrin, dont voici des joyaux historiques, c’est aussi notre histoire à nous, Français ; oui, c’est l’histoire de nos pères morts, la richesse morale de nos frères vivants. La Légende d’un Peuple, c’est la légende de cette terre qui porta pour nom la Nouvelle-France, et qui l’a gardé, ce nom, comme un titre de fierté. Et, de Colomb à Riel, M. Louis Fréchette recueille pierre à pierre le collier des souvenirs. Après avoir évoqué les solitudes des jours préhistoriques, il suit d’un cœur ardent, sur leur navire, les compagnons de Jacques Cartier, dans la marche de cet esquif dont on regarde avec piété les reliques à demi pourries dans une salle du musée de Saint-Malo ; il assiste, avec son imagination de poète, à