Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/262

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veau, les pierres recommencent à pleuvoir jusqu’à ce que le garde champêtre s’en mêle, lorsqu’il daigne le faire.

Nous ne voulons pourtant rien exagérer et soutenir que dans notre région, où la population est si intelligente, il y ait des sorciers dans tous les villages, et que les restes d’une vieille superstition ne s’évanouissent pas rapidement.

Cependant, les rapports de la gendarmerie sont là, et l’on est quelquefois bien étonné de ce qu’on y découvre. Il y a encore tel ou tel petit village de la Seine-Inférieure ou de l’Eure qui possède son sorcier ou son rebouteux, et ce dernier fait souvent du tort au brave officier de santé, ignorant des effets que peut avoir sur un rhumatisme le mélange d’une queue de rat, cuite avec une patte de crapaud dans un bouillon d’orties cueillies à minuit.

On rirait volontiers des imbéciles qui se laissent prendre à ces sornettes, s’il ne leur en cuisait pas parfois d’une manière trop douloureuse ; on rirait bien encore plus de ces sorciers et rebouteux qui sont, la plupart du temps, de vulgaires escrocs, si, rarement il est vrai, une vengeance atroce de quelques superstitieux ne venait appeler la commisération du public sur les malheureux, victimes de cette vengeance.