Page:François de Neufchâteau - Les Vosges, poème récité à Épinal, 1796.pdf/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8

Font d’une côte aride un pré fertilisé ;
À leur chûte, plus bas, la scie obéissante
Divisant, comme on veut, l’arbre qu’on lui présente ;
Le long de ce ruisseau, des trains de bois glissans ;
Les marteaux de Vulcain, plus loin, retentissans ;
Le ductile métal, qui passe à la filière ;
Les cendres, que le feu métamorphose en verre ;
Les chemins, pour gravir sur des pics élevés,
Taillés dans le granit, de basalte pavés ;
Les rochers, qui d’un champ entravaient la culture,
Rangés tout à l’entour, pour former sa clôture ;
Le fer, que l’art étame, ou qu’il forge en acier ;
Les vieux chiffons qu’il pile et transforme en papier ;
Le revêche granit, qu’il polit avec peine ;
Des mineurs engouffrés la voûte souterraine ;
Sur les toits des maisons, des chemins suspendus ;
Tout offre des aspects nouveaux, inattendus :
Tout appelle en ces lieux et l’artiste, et le peintre.

Un seul pont, d’un rocher, porte à l’autre son ceintre.[1]
Entre ces deux rochers, la Moselle à grand bruit,
De leur hauteur s’élance, et bouillonne, et s’enfuit.[2]

  1. Le pont de Saut, commune de Rupt, près de Remiremont.

    On voit sur la Vologne, entre Martin-Prey et Gérardmer, un autre pont de vingt cinq pieds, d’une seule arche, en pierres de taille, et que l’on attribue aux Romains.

  2. À Saut, la Moselle tombe de quarante piés de haut. C’est une des belles cascades naturelles qui soient en France.

    On appelle, à Gérardmer, le saut des Cuves, la