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De ces monts sourcilleux que Haller a chantés.

Vous ne voyez de loin que des montagnes nues,
Des colosses pelés et des roches ardues ;
Cet aspect vous fait peur ; mais osez avancer :
Chaque site, en détail, va vous intéresser.

Déserts, rochers, torrens, cavernes spacieuses,
Lacs tranquiles et purs, forêts silencieuses,
Solitudes, côteaux, vallons, prés verdoyans,
Bois coupés de sentiers escarpés, tournoyans ;
Entonnoirs, où les eaux, avec fracas, descendent ;
Promontoires aigus, auxquels les chèvres pendent ;
Arbustes singuliers, à la plaine étrangers ;
Gouffres sans fonds, couverts de champs et de vergers,
Mille aspects variés, mille effets pittoresques,
Tableaux attendrissans, réguliers, ou grotesques,
Voilà des deux côtés ce qui frappe mes yeux,
Dans les Alpes, en grand ; en petit, dans ces lieux.

Les Vôges, dont la scène est moins âpre et moins vaste,
Offrent également un bisarre contraste.
Le premier des attraits est la variété.
Sur la même montagne, en bas, on a l’été,
À la cime, l’hiver, dans le milieu, l’automne.
Là, d’un côté, l’on sème, et de l’autre, on moissonne.
Ici, le voyageur trouve de toutes parts
D’agréables cités et des hameaux épars,
Des vallons cultivés, d’horribles fondrières,
Des torrens passagers, d’éternelles glacières,
Des cascades, des lacs, des ruisseaux argentés,
Des monts tristes et nuds, et des bords enchantés,
De puissans végétaux qui croissent sans culture,
Des landes, des moissons, des tapis de verdure,