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GUIDE DU BON SENS

ter quelque fin repas : l’attention que nécessite une dégustation réfléchie, ou une combinaison de cartes difficile et hasardeuse, voilà pourquoi ils souhaitent tant de n’être pas dérangés et à quoi, estiment-ils, risquerait de nuire et d’apporter un trouble quelque présence féminine.

L’attention, la réflexion, la méditation même, ne sont pas nécessairement les voies du bon sens : qui empêchera que l’attention ne soit sollicitée et retenue par des objets indignes ou absurdes, que l’on ne réfléchisse dans le vide, que l’on ne médite la sottise, la vésanie ou le néant ?

Notre esprit est toujours comme à la merci d’un téléphoniste farceur, — de préférence, il est vrai, une demoiselle du téléphone, — qui lui branche la communication avec n’importe qui, n’importe quoi, se plaisant aux pires confusions, aux imbroglios les plus fâcheux, les plus déraisonnables.

Il faudrait obtenir que ce fût le seul bon sens, le bon sens lui-même en personne, qui, assistant notre esprit, lui donnât toutes ses communications, fût le maître exclusif de leur direction, et de leurs correspondances, demeurât en permanence au standard ; mais comment l’obtenir et de qui l’obtenir ?

Il ne dépend pas de nous d’avoir du bon sens, mais de le conserver et d’en user à pro-