Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/49

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même qu’il ait été nécessaire de le rouler et de l’avaler comme une pilule, rien qu’au toucher, rien qu’en le prenant et le pliant entre ses doigts, on devienne complètement fou, ou pour le moins atteint de quelque passagère, mais sûre et certaine vésanie ?

Ces isoloirs que l’on dispose dans les salles de vote à l’usage des électeurs, n’as-tu pas été frappé de la modification légère qu’il suffirait de leur faire subir pour les aménager en cabanons ?

Et si l’on profitait du passage de l’électeur pour lui passer, à lui, la camisole de force ?

Alors, vous estimez qu’il n’y a que les fous qui votent, soit qu’ils aient été fous avant, ce pour quoi ils ont été voter, soit que, sains d’esprit avant le scrutin, ils n’aient pu résister à la folie qui saisit aussitôt, après et pendant, tous les imprudents qui y participent ?

En résumé, si tu n’es pas fou, et si tu souhaites d’éviter de le devenir, fuis la politique comme la peste : ainsi te conseille le bon sens, et tu es perdu pour lui, et lui pour toi, si tu n’écoutes pas son conseil.

Mais prends garde que ce que tu donnes ici pour le conseil du bon sens n’est en réalité que le conseil de Gribouille ; la crainte d’être gagné par la folie collective des faiseurs de politique te livre à des fous. Et je refuse de croire