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DIALOGUE PREMIER 29

est fait en réalité sans raison ni art, sans symétrie ni proportions, sans discernement, ni choix, ni aisance, en un mot, sans aucune substance et sans nerf.

« Il est néanmoins d’autres pays où l’on peint plus mal qu’en Flandre. Et si je dis tant de mal de la peinture flamande, ce n’est pas qu’elle soit toute mauvaise ; c’est que les peintres de ce pays veulent faire bien tant de choses, dont une seule serait suffisamment difficile, qu’ils n’en font aucune de bien.

« Les œuvres qui se font en Italie sont presque les seules auxquelles on puisse vraiment donner le nom de peinture. C’est pourquoi nous appelons italienne la bonne peinture. Que si on en faisait de telle en un autre pays, nous lui donnerions le nom de ce pays ou de cette province. Et il n’est rien de plus noble ni de plus dévot que la bonne peinture, parce que rien n’évoque et ne suscite davantage la dévotion dans les esprits éclairés que la difficulté de la perfection qui va s’unir et se joindre à Dieu. Car la bonne