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Vie

je venois d’essuyer. Il avoit conçu une grande estime pour moi, et il étoit affligé de me voir quitter la maison tandis qu’il y restoit. Il m’engagea à renoncer au projet que je formois, de retourner dans ma patrie. Il me rappela que Keimer devoit plus qu’il ne possédoit ; que ses créanciers commençoient à être inquiets ; qu’il tenoit son magasin d’une manière pitoyable, vendant souvent les marchandises au prix d’achat pour avoir de l’argent comptant, et fesant continuellement crédit sans tenir aucun livre de comptes ; que conséquemment il feroit bientôt faillite ; et que cela occasionneroit un vide dont je pourrois profiter.

J’objectai mon manque d’argent. Sur quoi il me dit que son père avoit une très-haute opinion de moi, et que d’après une conversation, qui avoit eu lieu entr’eux, il étoit sûr qu’il nous avanceroit tout ce qui seroit nécessaire pour nous établir, si je consentois à entrer en société avec lui. — « Le temps, que je dois rester chez Keimer, ajouta-t-il,