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de B. Franklin.

chagrins, qui aiment à prophétiser le malheur. Un être de cette trempe vivoit alors à Philadelphie. C’étoit un homme riche, déjà avancé en âge, ayant un air de sagesse et une manière de parler sentencieuse. Il se nommoit Samuel Mickle. Je ne le connoissois point : mais il s’arrêta un jour à ma porte, et me demanda si j’étois le jeune homme qui avoit, depuis peu, ouvert une imprimerie. Sur ma réponse affirmative, il me dit qu’il en étoit fâché pour moi ; que c’étoit une entreprise dispendieuse, et que l’argent que j’y avois employé seroit perdu, parce que Philadelphie tomboit en décadence, et que tous ses habitans, ou du moins presque tous, avoient déjà été obligés de demander des termes à leurs créanciers. Il ajouta qu’il savoit, d’une manière certaine, que les choses qui pouvoient nous faire supposer le contraire, comme les nouvelles bâtisses, le haussement des loyers, n’étoient que des apparences trompeuses, qui, dans le fait contribuoient à hâter la ruine géné-