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de B. Franklin.

me donner pour le moment, mais qu’il m’emploieroit bientôt. Prenant en même-temps le vieux Bradford pour un habitant de la ville, bien disposé en sa faveur, il lui fit part de ses projets et de ses espérances. Bradford eut soin de ne pas se faire connoître pour le père de l’autre imprimeur. Sur ce que Keimer disoit qu’il comptoit bientôt avoir l’imprimerie la plus occupée de Philadelphie, il sut, en lui fesant des questions adroites et en lui présentant des difficultés, l’amener à lui découvrir toutes ses vues, tous ses moyens, et de quelle manière il vouloit s’y prendre pour les faire réussir. J’étois présent et j’entendois tout. Je vis à l’instant que l’un étoit un vieux renard très-rusé, et l’autre un parfait novice. Bradford me laissa chez Keimer, qui fut étrangement surpris quand je lui dis le nom du vieillard.

Je trouvai que l’imprimerie de Keimer consistait en une vieille presse endommagée et une petite fonte de caractères anglais usés, dont il se servoit alors