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de B. Franklin.

gens, il refusa de prendre l’aviron à son tour. — « Vous ramerez pour moi, nous dit-il, jusqu’à ce que nous soyons à terre ». — « Non, lui répondis-je, nous ne ramerons point pour vous ». — « Vous le ferez, répliqua-t-il, ou vous resterez toute la nuit sur l’eau ». — « Comme il vous plaira, dis-je ». — « Ramons, s’écrièrent les autres. Qu’importe qu’il nous aide ou non » ? — Mais j’étois déjà irrité de sa conduite à d’autres égards ; et j’insistai pour qu’on ne ramât point.

Alors il jura qu’il me feroit ramer, ou qu’il me jeteroit hors du canot ; et il se leva, en effet, pour venir vers moi. Aussitôt qu’il fut à ma portée, je le pris au collet, et le poussant violemment, je le jetai la tête la première dans la rivière. Je savois qu’il nageoit très-bien et par conséquent je ne craignois point pour sa vie. Avant qu’il pût se retourner, nous eûmes le temps de donner quelques coups d’aviron, et de nous éloigner un peu de lui. Toutes les fois qu’il se rapprochoit du canot et le touchoit, nous