Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cette exception près que nous continuons à nous intéresser à la personne, et à elle seule, qui nous a hypnotisé et avec laquelle nous restons en relations. D’ailleurs, ce qu’on appelle le sommeil de nourrice, c’est-à-dire le sommeil pendant lequel la nourrice reste en relations avec l’enfant et ne peut être réveillée que par celui-ci, forme un pendant normal au sommeil hypnotique. Il n’y a donc rien d’osé dans l’extension au sommeil naturel d’une particularité caractéristique de l’hypnose. Et c’est ainsi que la supposition d’après laquelle le rêveur posséderait une connaissance de son rêve, mais une connaissance qui lui est momentanément inaccessible, n’est pas tout à fait dépourvue de base. Notons d’ailleurs qu’ici s’ouvre une troisième voie d’accès à l’étude du rêve : après les excitations interruptrices du sommeil, après les rêves éveillés, nous avons les rêves suggérés de l’état hypnotique.

Et maintenant nous pouvons peut-être reprendre notre tâche avec une confiance accrue. Il est donc très vraisemblable que le rêveur a une connaissance de son rêve, et il ne s’agit plus que de le rendre capable de retrouver cette connaissance et de nous la communiquer. Nous ne lui demandons pas de nous livrer tout de suite le sens de son rêve : nous voulons seulement lui permettre d’en retrouver l’origine, de remonter à l’ensemble des idées et intérêts dont il découle. Dans le cas des actes manqués (vous en souvenez-vous ?), dans celui en particulier où il s’agissait du lapsus Vorschwein, nous avons demandé à l’auteur de ce lapsus comment il en est venu à laisser échapper ce mot, et la première idée qui lui était venue à l’esprit à ce propos nous a aussitôt renseignés. Pour le rêve, nous suivrons une technique très simple, calquée sur cet exemple. Nous demanderons au rêveur comment il a été amené à faire tel ou tel rêve et nous considérerons sa première réponse comme une explication. Nous ne tiendrons donc aucun compte des différences pouvant exister entre les cas où le rêveur croit savoir et ceux où il ne le croit pas, et nous traiterons les uns et les autres comme faisant partie d’une seule et même catégorie.

Cette technique est certainement très simple, mais je crains fort qu’elle ne provoque une très forte opposition.