Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/124

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Vous avez cependant tort quant à l’essentiel. Vous vous trompez en pensant que j’agis arbitrairement lorsque j’admets que la première idée du rêveur doit m’apporter ce que je cherche ou me mettre sur la trace de ce que je cherche ; vous avez tort en disant que l’idée en question peut être quelconque et sans aucun rapport avec ce que je cherche et que, si je m’attends à autre chose, c’est par excès de confiance. Je m’étais déjà permis une fois de vous reprocher votre croyance profondément enracinée à la liberté et à la spontanéité psychologiques, et je vous ai dit à cette occasion qu’une pareille croyance est tout à fait anti-scientifique et doit s’effacer devant la revendication d’un déterminisme psychique. Lorsque le sujet questionné exprime telle idée donnée, nous nous trouvons en présence d’un fait devant lequel nous devons nous incliner. En disant cela, je n’entends pas opposer une croyance à une autre. Il est possible de prouver que l’idée produite par le sujet questionné ne présente rien d’arbitraire ni d’indéterminé et qu’elle n’est pas sans rapport avec ce que nous cherchons. J’ai même appris récemment, sans d’ailleurs y attacher une importance exagérée, que la psychologie expérimentale a également fourni des preuves de ce genre.

Vu l’importance du sujet, je fais appel à toute votre attention. Lorsque je prie quelqu’un de me dire ce qui lui vient à l’esprit à l’occasion d’un élément déterminé de son rêve, je lui demande de s’abandonner à la libre association, en partant d’une représentation initiale. Ceci exige une orientation particulière de l’attention, orientation différente et même exclusive de celle qui a lieu dans la réflexion. D’aucuns trouvent facilement cette orientation ; d’autres font preuve, à cette occasion, d’une maladresse incroyable. Or, la liberté d’association présente encore un degré supérieur : c’est lorsque j’abandonne même cette représentation initiale et n’établis que le genre et l’espèce de l’idée, en invitant par exemple le sujet à penser librement à un nom propre ou à un nombre. Une pareille idée devrait être encore plus arbitraire et imprévisible que celle utilisée dans notre technique. On peut cependant montrer qu’elle est dans chaque cas rigoureusement déterminée par d’importants dispositifs internes qui, au moment où ils agissent, ne nous sont