Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/128

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Vous avez raison, mais il y a une chose qui vous échappe, et notamment la raison pour laquelle je n’ai pas pris l’expérience de l’association pour point de départ de cet exposé. Dans cette expérience, c’est nous en effet qui choisissons arbitrairement un des facteurs déterminants de la réaction : le mot faisant office d’excitation. La réaction apparaît alors comme un anneau intermédiaire entre le mot-excitation et le complexes que ce mot éveille chez le sujet de l’expérience. Dans le rêve, le mot-excitation est remplacé par quelque chose qui vient de la vie psychique du rêveur, d’une source qui lui est inconnue, et ce « quelque chose » pourrait bien être lui-même le « produit » d’un complexes. Aussi n’est-il pas exagéré d’admettre que les idées ultérieures qui se rattachent aux éléments d’un rêve ne sont, elles aussi, déterminées que par le complexes de cet élément et peuvent par conséquent nous aider à découvrir celui-ci.

Permettez-moi de vous montrer sur un autre exemple que les choses se passent réellement ainsi que nous l’attendons dans le cas qui nous intéresse. L’oubli de noms propres implique des opérations qui constituent une excellente illustration de celles qui ont lieu dans l’analyse d’un rêve, avec cette réserve toutefois que dans les cas d’oubli toutes les opérations se trouvent réunies chez une seule et même personne, tandis que dans l’interprétation d’un rêve elles sont partagées entre deux personnes. Lorsque j’ai momentanément oublié un nom, je n’en possède pas moins la certitude que je sais ce nom, certitude que nous ne pouvons acquérir pour le rêveur que par un moyen indirect, fourni par l’expérience de Bernheim. Mais le nom oublié et pourtant connu ne m’est pas accessible. J’ai beau faire des efforts pour l’évoquer : l’expérience ne tarde pas à m’en montrer l’inutilité. Je puis cependant évoquer chaque fois, à la place du nom oublié, un ou plusieurs noms de remplacement. Lorsqu’un de ces noms de remplacement me vient spontanément à l’esprit, l’analogie de ma situation avec celle qui existe lors de l’analyse d’un rêve devient évidente. L’élément du rêve n’est pas non plus quelque chose d’authentique : il vient seulement remplacer ce quelque chose que je ne connais pas et que l’analyse du rêve doit me révéler. La seule différence qui existe entre les deux situations consiste