Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/17

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traiter un cas d’hystérie, en soumettant la malade à l’hypnose et en la faisant remonter, d’association en association, jusqu’à la source des paroles, absurdes et incohérentes en apparence, qu’elle prononçait pendant ses états d’absence, de confusion et d’altération psychique. Et Breuer a eu l’agréable surprise de constater chaque fois que ces paroles trahissaient, exprimaient en réalité des états psychiques dont la malade, dans sa vie ordinaire, n’avait aucune conscience et que la méthode employée lui rendait conscients, en lui procurant en même temps un soulagement plus ou moins durable. Frappé par ces premiers résultats, Breuer étendit l’emploi de sa méthode, en l’appliquant, non plus seulement aux paroles prononcées pendant les états d’obnubilation psychique, mais aux symptômes morbides proprement dits de sa malade hystérique. Le résultat ne fut pas moins frappant, puisqu’il a pu constater que chaque symptôme était, lui aussi, l’expression extérieure d’un événement survenu dans la vie de la malade à une époque plus ou moins reculée et dont le souvenir conscient avait été perdu : il suffisait d’évoquer ce souvenir, de ramener l’événement à la conscience, pour obtenir la disparition du symptôme correspondant.

Ces résultats ne laissèrent pas d’impressionner fortement le jeune Freud qui cherchait encore sa voie. Avec une modestie qui l’honore, il reconnaît tout ce qu’il doit à Breuer, dont il est devenu plus tard le collaborateur. Son premier ouvrage : Studien über Hystérie, paru en 1895, est issu de cette collaboration et constitue la première ébauche de la théorie psychanalytique.

Mais ce qui ne l’honore pas moins, c’est que, tout en ayant déjà trouvé sa voie, il ne se crut pas en possession de la vérité absolue, mais voulut confronter ses idées et sa méthode avec les idées et la méthode en vigueur ailleurs. C’est dans cette intention qu’il se rendit en France, alors centre de la neuro-pathologie dont les maitres incontestés, mais rivaux, étaient Charcot et Bernheim (de Nancy). C’est vers Bernheim qu’allèrent toutes les sympathies de Freud. Il a suivi l’enseignement de ce maître