Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/183

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Il est dit dans le Nouveau Testament : la femme est un vase faible. Les livres sacrés des Juifs sont, dans leur style si proche de la poésie, remplis d’expressions empruntées au symbolisme sexuel, expressions qui n’ont pas toujours été exactement comprises et dont l’interprétation, dans le Cantique des Cantiques par exemple, a donné lieu à beaucoup de malentendus. Dans la littérature hébraïque postérieure on trouve très fréquemment le symbole qui représente la femme comme une maison dont la porte correspond à l’orifice génital. Le mari se plaint par exemple, dans le cas de perte de virginité, d’avoir trouvé la porte ouverte. La représentation de la femme par le symbole table se rencontre également dans cette littérature. La femme dit de son mari : je lui ai dressé la table, mais il la retourna. Les enfants estropiés naissent pour la raison que le mari retourne la table. J’emprunte ces renseignements à une monographie de M. L. Levy, de Brünn, sur Le symbolisme sexuel dans la Bible et le Talmud.

Ce sont les étymologistes qui ont rendu vraisemblable la supposition que le bateau est une représentation symbolique de la femme : le nom Schiff (bateau), qui servait primitivement à désigner un vase en argile, ne serait en réalité qu’une modification du mot Schaff (écuelle). Que four soit le symbole de la femme et de la matrice, c’est ce qui nous est confirmé par la légende grecque relative à Périandre de Corinthe et à sa femme Melissa. Lorsque, d’après le récit d’Hérodote, le tyran, après avoir par jalousie tué sa femme bien-aimée, adjura son ombre de lui donner de ses nouvelles, la morte révéla sa présence en rappelant à Périandre qu’il avait mis son pain dans un four froid, expression voilée, destinée à désigner un acte qu’aucune autre personne ne pouvait connaître. Dans l’Anthropophyteia, publiée par F.-S. Kraus et qui constitue une mine de renseignements incomparables pour tout ce qui concerne la vie sexuelle des peuples, nous lisons que dans certaines régions de l’Allemagne on dit d’une femme qui vient d’accoucher : son four s’est effondré. La préparation du feu, avec tout ce qui s’y rattache, est pénétrée profondément de symbolisme sexuel. La flamme symbolise toujours l’organe génital de l’homme, et le foyer le giron féminin.