Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/230

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le cas de notre rêveur de l’exemple Nº 3, où le souhait de voir mourir le père était masqué par la pitié éveillée soi-disant par les souffrances inutiles de celui-ci.

Il est rare que l’hostilité domine seule la situation : le plus souvent elle se cache derrière des sentiments plus tendres qui la refoulent, et elle doit attendre que le rêve vienne pour ainsi dire l’isoler, ce qui, à la suite de cet isolement, prend dans le rêve des proportions exagérées, se rétrécit de nouveau après que l’interprétation l’a fait entrer dans l’ensemble de la vie (H. Sachs). Mais nous retrouvons ce souhait de mort même dans les cas où la vie ne lui offre aucun point d’appui et où l’homme éveillé ne consent jamais à se l’avouer. Ceci s’explique par le fait que la raison la plus profonde et la plus habituelle de l’hostilité, surtout entre personnes de même sexe, s’est affirmée dès la première enfance.

Cette raison n’est autre que la concurrence amoureuse dont il convient de faire ressortir plus particulièrement le caractère sexuel. Alors qu’il est encore tout enfant, le fils commence à éprouver pour la mère une tendresse particulière : il la considère comme son bien à lui, voit dans le père une sorte de concurrent qui lui dispute la possession de ce bien ; de même que la petite fille voit dans la mère une personne qui trouble ses relations affectueuses avec le père et occupe une place dont elle, la fille, voudrait avoir le monopole. C’est par les observations qu’on apprend à quel âge on doit faire remonter cette attitude à laquelle nous donnons le nom de complexe d’Oedipe, parce que la légende qui a pour héros Œdipe réalise, en ne leur imprimant qu’une très légère atténuation, les deux désirs extrêmes découlant de la situation du fils : le désir de tuer le père et celui d’épouser la mère. Je n’affirme pas que le complexe d’Oedipe épuise tout ce qui se rapporte à l’attitude réciproque de parents et d’enfants, cette attitude pouvant être beaucoup plus compliquée. D’autre part, le complexe d’Oedipe lui-même est plus ou moins accentué, il peut même subir des modifications ; mais il n’en reste pas moins un facteur régulier et très important de la vie psychique de l’enfant et on court le risque d’estimer au-dessous de sa valeur plutôt que d’exagérer son influence et les effets qui en découlent. D’ailleurs si les enfants réagissent par l’attitude