Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tous les symptômes de toutes les affections névrotiques, que partout et toujours le sens des symptômes est inconnu au malade, que l’analyse révèle toujours que ces symptômes sont des produits de processus inconscients qui peuvent cependant, dans certaines conditions variées et favorables, être rendus conscients, vous comprendrez sans peine que la psychanalyse ne puisse se passer de l’hypothèse de l’inconscient et que nous ayons pris l’habitude de manier l’inconscient comme quelque chose de palpable. Et vous comprendrez peut-être aussi combien peu compétents dans cette question sont tous ceux qui ne connaissent l’inconscient qu’à titre de notion, qui n’ont jamais pratiqué d’analyse, jamais interprété un rêve, jamais cherché le sens et l’intention de symptômes névrotiques, Disons-le donc une fois de plus : le fait seul qu’il est possible, grâce à une interprétation analytique, d’attribuer un sens aux symptômes névrotiques constitue une preuve irréfutable de l’existence de processus psychiques inconscients ou, si vous aimez mieux, de la nécessité d’admettre l’existence de ces processus.

Mais ce n’est pas tout. Une autre découverte de Breuer, découverte que je trouve encore plus importante que la première et qu’il a faite sans collaboration aucune, nous en apprend encore davantage sur les rapports entre l’inconscient et les symptômes névrotiques. Non seulement le sens des symptômes est généralement inconscient ; mais Il existe, entre cette Inconscience et la possibilité d’existence des symptômes, une relation de remplacement réciproque. Vous allez bientôt me comprendre. J’affirme avec Breuer ceci : toutes les fois que nous nous trouvons en présence d’un symptôme, nous devons conclure à l’existence chez le malade de certains processus inconscients qui contiennent précisément le sens de ce symptôme. Mais il faut aussi que ce sens soit inconscient pour que le symptôme se produise. Les processus conscients n’engendrent pas de symptômes névrotiques ; et d’autre part, dès que les processus inconscients deviennent conscients, les symptômes disparaissent. Vous avez là un accès à la thérapeutique, un moyen de faire disparaître les symptômes. C’est en effet par ce moyen que Breuer avait obtenu la guérison de sa malade hystérique, autrement dit la disparition de ses