Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/310

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ou amnésies. Je vous ai dit que toute la tâche du traitement psychanalytique pouvait être résumée dans la formule : transformer tout l’inconscient pathogénique en conscient. Or, vous serez peut-être étonnés d’apprendre que cette formule peut être remplacée par cette autre : combler toutes les lacunes de la mémoire des malades, supprimer leurs amnésies. Cela reviendrait au même. Les amnésies des névrotiques auraient donc une grande part dans la production de leurs symptômes. En réfléchissant cependant au cas qui a fait l’objet de notre première analyse, vous trouverez que ce rôle attribué à l’amnésie n’est pas justifiée. La malade, loin d’avoir oublié la scène à laquelle se rattache son action obsessionnelle, en garde le souvenir le plus vif, et il ne s’agit d’aucun autre oubli dans la production de son symptôme. Moins nette, mais tout à fait analogue est la situation dans le cas de notre deuxième malade, de la jeune fille au cérémonial obsessionnel. Elle aussi se souvient nettement, bien qu’avec hésitation et peu volontiers, de sa conduite d’autrefois, alors qu’elle insistait pour que la porte qui séparait la chambre à coucher de ses parents de la sienne restât ouverte la nuit et pour que sa mère lui cédât sa place dans le lit conjugal. La seule chose qui puisse nous paraître étonnante, c’est que la première malade, qui a pourtant accompli son action obsessionnelle un nombre incalculable de fois, n’ait jamais eu la moindre idée de ses rapports avec l’événement survenu la nuit de noces, et que le souvenir de cet événement ne lui soit pas venu, alors même qu’elle a été amenée, par un interrogatoire direct, à rechercher les motifs de son action. On peut en dire autant de la jeune fille qui rapporte d’ailleurs son cérémonial et les occasions qui le provoquaient à la situation qui se reproduisait identique tous les soirs. Dans aucun de ces cas, il ne s’agit d’amnésie proprement dite, de perte de souvenirs : il y a seulement rupture d’un lien qui devrait amener la reproduction, la réapparition de l’événement dans la mémoire. Mais si ce trouble de la mémoire suffit à expliquer la névrose obsessionnelle, il n’en est pas de même de l’hystérie. Cette dernière névrose se caractérise le plus souvent par des amnésies de très grande envergure. En analysant chaque symptôme hystérique, on découvre généralement toute