Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/374

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de l’étude de l’hystérie, qui l’avait précédée dans le temps, l’importance de la régression de la libido ne nous est apparue que beaucoup plus tard que celle du refoulement. Attendez-vous à ce que nos points de vue subissent de nouvelles extensions et modifications lorsque nous aurons à tenir compte, en plus de l’hystérie et de la névrose obsessionnelle, des névroses narcissiques.

Dans la névrose obsessionnelle, au contraire, la régression de la libido vers la phase préliminaire de l’organisation sadico-anale constitue le fait le plus frappant et celui qui marque de son empreinte toutes les manifestations symptomatiques. L’impulsion amoureuse se présente alors sous le masque de l’impulsion sadique. La représentation obsédante : je voudrais te tuer, lorsqu’on la débarrasse d’excroissances non accidentelles, mais indispensables, signifie au fond ceci : je voudrais jouir de toi en amour. Supposez encore une régression simultanée intéressant l’objet, c’est-à-dire une régression telle que les impulsions en question ne s’appliquent qu’aux personnes les plus proches et les plus aimées, et vous aurez une idée de l’horreur que peuvent éveiller chez le malade ces représentations obsédantes qui apparaissent à sa conscience comme lui étant tout à fait étrangères. Mais le refoulement joue également dans ces névroses un rôle important qu’il est difficile de définir dans une rapide introduction comme celle-ci. La régression de la libido, lorsqu’elle n’est pas accompagnée de refoulement, aboutirait à une perversion, mais ne donnerait jamais une névrose. Vous voyez ainsi que le refoulement est le processus le plus propre à la névrose, celui qui la caractérise le mieux. J’aurai peut-être encore l’occasion de vous dire ce que nous savons du mécanisme des perversions, et vous verrez alors que tout s’y passe d’une façon infiniment moins simple qu’on se l’imagine.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas de m’être livré à ces développements sur la fixation et la régression de la libido, si je vous dis que je vous les ai présenté, ; à titre de préparation à l’examen de l’étiologie des névroses. Concernant cette dernière, je ne vous ai encore fait part que d’une seule donnée, à savoir que les hommes deviennent névrosés lorsqu’ils sont privés de la possibilité de satisfaire leur libido, donc par « privation »,