Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/400

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ne va pas sans difficultés. Si nous lui disons dès le début qu’il est en train de raconter des événements imaginaires avec lesquels il voile l’histoire de son enfance, comme les peuples substituent les légendes à l’histoire de leur passé oublié, nous constatons que son intérêt à poursuivre le récit baisse subitement, résultat que nous étions loin de désirer. Il veut, lui aussi, avoir l’expérience de choses réelles et se déclare plein de mépris pour les choses imaginaires. Mais si, pour mener notre travail à bonne fin, nous maintenons le malade dans la conviction que ce qu’il nous raconte représente les événements réels de son enfance, nous nous exposons à ce qu’il nous reproche plus tard notre erreur et se moque de notre prétendue crédulité. Il a de la peine à nous comprendre lorsque nous l’engageons à mettre sur le même plan la réalité et la fantaisie et à ne pas se préoccuper de savoir si les événements de sa vie infantile, que nous voulons élucider et tels qu’il nous les raconte, sont vrais ou faux. Il est pourtant évident que c’est là la seule attitude à recommander à l’égard de ces productions psychiques. C’est que ces productions sont, elles aussi, réelles dans un certain sens : il reste notamment le fait que c’est le malade qui a créé les événements imaginaires ; et, au point de vue de la névrose, ce fait n’est pas moins important que si le malade avait réellement vécu les événements dont il parle. Les fantaisies possèdent une réalité psychique, opposée à la réalité matérielle, et nous nous pénétrons peu à peu de cette vérité que dans le monde des névroses c’est la réalité psychique qui joue le rôle dominant.

Parmi les événements qui figurent dans toutes ou presque toutes les histoires d’enfance des névrosés, il en est quelques-uns qui méritent d’être relevés tout particulièrement à cause de leur grande importance. Ce sont : des observations relatives aux rapports sexuels des parents, le détournement par une personne adulte, la menace de castration. Ce serait une erreur de croire qu’il ne s’agit là que de choses imaginaires, sans aucune base réelle. Il est, au contraire, possible d’établir indiscutablement la matérialité de ces faits en interrogeant les parents plus âgés des malades. Il n’est pas rare d’apprendre, par exemple, que tel petit garçon qui a commencé