Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/76

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Arrêtons-nous un instant encore à l’affirmation que les actes manqués sont des « actes psychiques ». Par cette affirmation postulons-nous seulement que les actes psychiques ont un sens, ou implique-t-elle quelque chose de plus ? Je ne pense pas qu’il y ait lieu d’élargir sa portée. Tout ce qui peut être observé dans la vie psychique sera éventuellement désigné sous le nom de phénomène psychique. Il s’agira seulement de savoir si telle manifestation psychique donnée est l’effet direct d’influences somatiques, organiques, physiques, auquel cas elle échappe à la recherche psychologique, ou si elle a pour antécédents immédiats d’autres processus psychiques au-delà desquels commence quelque part la série des influences organiques. C’est à cette dernière éventualité que nous pensons lorsque nous qualifions un phénomène de processus psychique, et c’est pourquoi il est plus rationnel de donner à notre proposition la forme suivante : le phénomène est significatif, il possède un sens, c’est-à-dire qu’il révèle une intention, une tendance et occupe une certaine place dans une série de rapports psychiques.

Il y a beaucoup d’autres phénomènes qui se rapprochent des actes manqués, mais auxquels ce nom ne convient pas. Nous les appelons actes accidentels ou symptomatiques. Ils ont également tous les caractères d’un acte non motivé, insignifiant, dépourvu d’importance, et surtout superflu. Mais ce qui les distingue des actes manqués proprement dits, c’est l’absence d’une intention hostile et perturbatrice venant contrarier une intention primitive. Ils se confondent, d’autre part, avec les gestes et mouvements servant à l’expression des émotions. Font partie de cette catégorie d’actes manqués toutes les manipulations, en apparence sans but, que nous faisons subir, comme en nous jouant, à nos vêtements, à telles ou telles parties de notre corps, à des objets à portée de notre main ; les mélodies que nous chantonnons appartiennent à la même catégorie d’actes, qui sont en général caractérisés par le fait que nous les suspendons, comme nous les avons commencés, sans motifs apparents. Or, je n’hésite pas à affirmer que tous ces phénomènes sont significatifs et se laissent interpréter de la même manière que les actes manqués, qu’ils