Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/272

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sont là les deux seules différences qui résultent de leur rapport logique. Il s’agit alors de rectifier l’expression, dans le premier cas, par une interprétation extensive ; dans le second cas, par une interprétation restrictive[1] ; et chacune a pour but de mettre en harmonie l’expression et la pensée.

Les procédés à l’aide desquels on corrige une expression impropre diffèrent beaucoup de ceux employés pour préciser une expression indéterminée. — D’abord on suppose qu’il existe une pensée déterminée sous une expression défectueuse. Ce rapport n’admet pas, comme l’indétermination, de preuves logiques, mais seulement des preuves historiques ; sa certitude est donc moins grande, et susceptible de divers degrés. Une autre circonstance augmente encore la difficulté de notre position. — L’expression est le signe le plus immédiat et le plus naturel de la pensée, et c’est justement à l’expression que nous refusons d’ajouter foi. L’expression indéterminée appelle nécessairement le remède de l’interprétation ; car, sans elle, il n’y a ni loi ni texte à appliquer. Ici, au contraire, la lettre même de la loi nous donne un sens clair et sus-

  1. Les auteurs modernes, adoptant une phraséologie étrangère aux Romains, l’appellent interpretatio extensiva, restrictiva, et lui opposent l’interpretatio declarativa, qui n’étend ni ne restreint la loi, et s’applique à un tout autre cas (§ 36, d).