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Méliador

« Que conquis m’avés, je me rens
« A vous, et tels que je me sens,
« Fors et loyaus pour bien servir,
890 « Je me voel a vous asservir
« Et vorrai grans painnes de corps
« Endurer pour vous ens et hors.
« Et, pour ce que pas ne voi heure
« Que les grieftés u je labeure
895 « Et travelle mes esperis
« Ne puis moustrer, se je n’escris,
« Ne aultrement faire je n’ose,
« Par ceste simple lettre close
« Le vous segnefi vraiement,
900 « Mais c’est si cremeutesement
« Ç’a painnes l’ay jou osé faire.
« Mais considerés mon afaire,
« L’estat en quoi je vif et oevre.
« Il convient que je m’en descuevre,
905 « Car loyaument je ne puis plus
« Porter les assaus de quoi nuls
« Ne nulle ne me poet aidier,
« Et fust ore a men soushaidier,
« Fors vous, ma douce dame ciere.
910 « Si voelliés, sus ceste maniere,
« Regarder comment, un petit,
« Mon tres amoureus esperit,
« Qui est nuit et jour travilliés,
« Soit aucunement consilliés, f. 8 a
915 « U par lettre, u par aultre voie.
« Et, a fin ossi mieulz c’on voie
« Que de bonne amour sui espris,
« Avoech ces lettres que j’escris
« J’ai mis .i. rondelet chi bas,
920 « Ou souvent au canter m’esbas,
« Pour vous, ma dame souverainne.
« De ce soiiés toute certainne :