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xxi
Analyse de Méliador

veur ne pourra se rendre au tournoi de Tarbonne. À l’époque fixée, des chevaliers de tous pays viennent se loger aux environs de Tarbonne, où le roi Artus, de son côté, avait envoyé plusieurs de ses gens pour prêter au duc Patris l’appui de leur expérience en matière de joutes. Dans la plaine où devait avoir lieu le tournoi, on venait de construire des tribunes pour les dames et les demoiselles. Parmi les deux cents vaillants chevaliers qui prennent part à la fête, on voit briller au premier rang Gratien, Tangis, Dagoriset et surtout Agamanor, le Chevalier Rouge, que son adresse fait bientôt remarquer de Phénonée ; mais, pressentie par sa mère, la duchesse Aliénor, la jeune fille essaie de se donner le change : à l’en croire, ses regards ne cherchent qu’à deviner son frère, et, les exploits du Chevalier Rouge aidant, elle en vient à penser que ce preux et Méliador ne font qu’un. La retraite sonnée, les valets venus au devant de leurs maîtres enterrent les morts et transportent les blessés en litière, tandis que l’on prépare au château souper et fête de nuit auxquels les damoiseaux assistent en costume de ville. Après le souper, le prix du tournoi (un faucon) est décerné au Chevalier Rouge et, comme on ne sait où trouver le vainqueur, il est convenu que l’oiseau sera porté sans retard à la cour du roi Artus (v. 13262).

Agamanor, demeuré à la fête, se complaît dans la vue de Phénonée pour laquelle il ressent un amour profond, mais il se retire au point du jour et confie ses sentiments à Bertoulet. Les divertissements se prolongent encore durant trois jours et trois nuits, et lorsqu’ils sont terminés Phénonée se croit tellement certaine de l’identité de son frère et du Chevalier Rouge qu’elle adopte pour elle-même la devise de celui-ci, une dame blanche, se proposant de la faire porter à un sien chevalier, en la brisant d’un faucon blanc par allusion au prix du tournoi. Ayant obtenu à cet effet le consentement de son père le duc Patris, elle investit de sa nouvelle devise un jeune chevalier, Lionnel, que de réelles qualités recommandaient à son choix et elle l’envoie courir