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Méliador


Balade.

Fuiés de moi, tout anoi et tout ire,
En moi n’arés vous jamais nul sejour.
Car mon coer a volu en soi eslire
6225 A servir de toutes dames la flour.
Vous ne poés en moy avoir retour.
Ou monde n’a, ce saciés, qui m’anoie,
Quant donné m’ay a celle qui m’esjoie.

Demorer voel, pour voir le puis bien dire,
6230 A ma dame, sans faire nul faulx tour,
Car ou monde n’a nul si tres dous mire,
Ce sçai je bien, c’osté m’a de dolour.
Je vauch trop mieulz de sa grande valour ;
Comment n’arai dont eur et toute joie,
6235 Quant donné m’ay, etc.

Dont me doit il, et poet tres bien souffire,
Quant j’ai voir mis mon coer en la millour
C’on poet penser, aviser ne eslire,
Dont je le voel servir et sans sejour.
6240 C’est ma plaisance et mon bien, nuit et jour ;
C’est ce qui met mon coer de bien en voie,
Quant donné m’ay, etc.



Vous devés pour certain savoir f. 46 b
Que les .ii. damoiselles voir
6245 Penserent a ce longement,
Sans point parler aucunement
Et l’une l’autre en regardant ;
Car la lettre, je vous creant,
Et la balade desous mise