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De la composition de Méliador

de l’un des hérauts d’Écosse[1], il n’a probablement qu’un rapport fortuit avec le vocable Snowdon de la chaîne montagneuse du pays de Galles, et pourrait fort bien n’être qu’une altération anglaise d’un nom gaëlique Snavdun, dont le second terme est le mot dun, au sens de « forteresse » ou de « château »[2]. Ajoutons qu’il est fort possible qu’il ne faille pas distinguer le Signandon de Meliador du Senaudon du Bel inconnu ou du Snowdon de Meriadocus ; car, si Senaudon ou Snowdon paraît toujours comme une ville de Galles, on sait aussi que la terre de Galles des traditions arthuriennes s’étend, bien au-delà du pays de Galles actuel, sur tous les pays demeurés jadis au pouvoir des Bretons. Au xive siècle, Jean le Bel[3] et Froissart d’après lui[4] placent Carlisle en Galles, et Stirling, ou plus correctement l’antique Snavdun, a pu faire partie au viie au viiie siècles du royaume breton de Strathcluyd qui, de l’avis des érudits modernes, s’étendait jusqu’à l’estuaire du Forth.


Le nom même de Méliador, donné par Froissart au héros de son poème, a probablement aussi été emprunté par lui à quelque tradition d’outre mer.

  1. Stuart Glennie, Arthurian localities, p. lvii.
  2. Stuart Glennie (Ibidem, p. lviii) traduit un peu librement, semble-t-il, Snuadun (sic) par « fort » ou « montagne fortifiée sur la rivière. »
  3. Les vrayes chroniques de messire Jehan le Bel, édition Polain, tome I, p. 46. Carlisle y est appelé « Cardueth en Gales. »
  4. Chroniques de J. Froissart, édition Siméon Luce, t. I, p. 50.