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À M. KITTREDGE

accès de somnambulisme[1], et que, d’après M. Kittredge, il aurait alors conçu alors l’idée d’attribuer cette même affection à Camel dans le Meliador remanié. Mais ce n’est là encore que pure hypothèse et l’on se représente malaisément le personnage de Camel sans la tare qui le rend odieux à Florée. Le rapprochement des deux cas de somnambulisme, chez Camel d’une part, chez Pierre de Béarn d’autre part, avait au reste frappé jadis madame Mary Darmesteter qui ne voyait là, et je partage son sentiment, qu’une simple coïncidence[2].




  1. C’est par l’écuyer béarnais qui lui avait conté la mort du fils de Gaston Phébus que Froissart fut informé du cas de Pierre de Béarn : « Ung jour, a loisir, je luy prins a demander de messire Pierre de Berne, frere bastard du conte, pour tant qu’il me sembloit ung chevallier de grant voulonté, se il estoit riche homme et point marié. Adont il me respondi : « Marié est il voirement, mais sa femme ne ses enffans ne demeurent point avecques luy. » — « Et pourquoi », dis je. — « Je le vous diray », dist l’escuier. « Messire Pierre de Berne a d’usaige que de nuit, en son dormant, il se resveille et se arme, et trait son espée, et se combat et ne scet a qui, voire, se l’on n’est moult soingneux de le garder ; mais ses chambrelens et ses varlets qui dorment en sa chambre et qui le veillent, quant ils le voyent ou oyent lever, ils lui vont au devant et l’esveillent, et luy disent comment il se maintient, et il leur respond qu’il n’en scet riens et qu’ils mentent. Et aucunes fois l’on ne luy laissoit nulles armures ; mais quant il se resveilloit et nulles n’en trouvoit, il menoit ung tel tambusquis et ung tel tempestement qu’il sembloit que tous les deables d’enfer fussent la dedens avecques luy, sique pour le mieulx on les luy a laissiées, et parmy ce il s’oublie a luy armer et desarmer, et puis s’en rêva couchier » (Œuvres de Froissart, édit. de l’Académie de Belgique, t. XI des Chroniques, p. 100–101).
  2. Mary Darmesteter, Froissart, p. 95–96.